La visée

LA VISÉE

Au tir à la carabine, il est important de voir une cible parfaitement nette, ronde et noire travers des organes de visée parfaitement circulaires et alignés. Ceci implique que la vue du carabinier soit bien corrigée. Les porteurs de lunettes doivent impérativement respecter une règle: leur verre de correction doit être strictement perpendiculaire à la ligne de visée, et il doit également être centré par rapport à l’axe optique pour éviter les aberrations, ce qui est impossible avec des lunettes normales. On ne peut donc faire l’économie de lunettes spécialisées, hélas!

 

L’œil «inactif» doit rester ouvert: il peut être occulté par un cache, de préférence clair et de petites dimensions (observation du vent et des variations de lumière).

 

1 – DISTANCE OEIL–DIOPTRE :

Elle peut être comprise entre 5 et 8 cm., une trop grande proximité du dioptre amplifiant les imperfections de visée, en particulier les erreurs angulaires (diamètre apparent trop grand) et donc une dispersion importante. De plus, une position trop proche de l’œil provoque des mouvements parasites dûs à la crainte inconsciente du recul du pavillon de dioptre dans l’œil, même en petit calibre. Une position trop éloignée diminue la netteté des organes de visée (marges de blanc insuffisantes), et devient inconfortable.

 

2 – LE DIOPTRE :

Les dioptres actuels permettent une précision extrême, comme par exemple un déplacement de deux millimètres par clic à 50 m. Le point essentiel est de régler le dioptre en permanence tout au long d’un match. Toute modification de la position ou de l’environnement, soleil, nuage, vent, luminosité, température, hygrométrie, mirages et autres modifient ou la visée, ou la trajectoire de la balle.

 

Le réglage ne doit pas s’effectuer clic par clic, le premier clic ne permettant que le rattrapage d’un éventuel jeu mécanique de la hausse. Il est donc conseillé de corriger avec au moins deux clics, ou bien de sur–corriger de 3 ou 4 clics pour ensuite retrancher le réglage nécessaire. Si vous utilisez un dioptre Gehmann, n’oubliez pas de le déverrouiller.

 

3 – L’ŒILLETON :

Il obéit à un principe classique d’optique physique, l’effet de sténopé: plus le diaphragme est petit, plus la profondeur de champ est importante, améliorant ainsi la netteté du visuel et limitant l’effort d’accommodation. Mais ce gain de profondeur de champ s’accompagne d’une perte de luminosité, ce que connaissent bien les photographes en diaphragmant. Le diamètre de l’ouverture est classiquement de 1,1 mm., il peut être réduit en cas de forte luminosité ou augmenté dans le cas inverse. En cas de grisaillement du visuel, il est nécessaire d’augmenter le diamètre.

 

L’usage de filtres est recommandé pour améliorer le contraste du visuel: jaune par temps gris ou brumeux, gris ou polarisant par forte luminosité, vert par ciel bleu. Il faut tester à l’entraînement ces différentes situations, et maintenir propres les filtres, sous peine de formation d’un halo particulièrement insidieux. Les filtres diminuent la quantité de lumière, et il est possible de devoir «ouvrir» le diaphragme.

 

4 – LES GUIDONS :

Les guidons utilisés en compétition sont uniquement des guidons circulaires, en métal ou en plastique, ou des iris réglables, fragiles, mais moins fastidieux à l’utilisation.

 

Le choix du diamètre est affaire de convenance et d’habitude, mais surtout de luminosité et de contraste: il vaut mieux privilégier la facilité d’annonce que le confort visuel.

 

A l’usage, il semble que 3,4 à 3,7 mm. soit un choix de départ pour un début. Avec un diamètre plus faible, les contrastes du visuel sont souvent insuffisants, et les lumières difficiles à apprécier. Avec un diamètre plus important, l’image de visée est difficilement maintenue pour un tireur peu stable.

 

Un tireur confirmé peut utiliser sans difficulté des diamètres de 4,2 mm., et même plus s’il utilise une rallonge.

 

Dicton des tireurs britanniques de «Long range»: «les gros devant, les petits derrière». Donc gros guidon et petit diaphragme!

 

5 – L’AMENÉE EN CIBLE :

Il s’agit de l’action amenant l’arme en position, le guidon concentrique au visuel à partir d’une position équilibrée et stable. La bouche de l’arme s’élevant ou s’abaissant pendant la visée, il est intéressant d’amener en conséquence pour se stabiliser au niveau précis du visuel.

 

En fonction de la technique respiratoire, l’amenée peut se faire par le haut en inspiration ou par le bas en expiration (meilleur), mais jamais latéralement. La concentration sur la visée ne commence qu’à la fin de l’amenée afin de limiter la fatigue visuelle. On peut même amener les yeux fermés (excellent moyen de contrôle de la position, mais très éprouvant pour le moral!).

 

6 – LA VISÉE :

Elle nécessite l’alignement parfait de l’œil, de l’œilleton, du guidon et de la cible. La visée commence par l’œilleton, plus exactement le centrage amenant le guidon parfaitement dans l’axe de l’œilleton (dioptre) perçu comme circulaire. Tout écart latéral ou vertical dans cette action entraîne une erreur angulaire, qui se multiplie avec la distance: une erreur de 1 mm. pour 1 m. entraîne une erreur de . . . . 50 mm. à 50 m. ! Cette cause de mauvais résultat en cible est fréquente chez les débutants, mais aussi chez des tireurs confirmés, mais peu concentrés.

 

Il faut ensuite centrer le guidon autour du visuel, tout en maintenant la «bonne» image précédente. Cependant, l’erreur parallèle due à un éventuel mauvais centrage du visuel dans le guidon est plus limitée, mais encore trop importante pour un tireur exigeant.

 

La visée doit impérativement passer par le centre des cercles de référence: œilleton– porte–guidon– guidon– cible. De plus, les marges de blanc sont variables selon la luminosité, et la diffraction sur le «noir» du visuel et des instruments de visée n’est pas toujours identique. La moindre erreur sur l’alignement est le plus souvent sanctionnée par un écart en cible.

 

7 – DURÉE DE LA VISÉE :

La qualité de la visée dépend de nombreux facteurs, dont l’un des plus importants est l’acuité visuelle. Une mauvaise correction visuelle amène une visée trop longue, génératrice de fatigue oculaire trop rapide, mais aussi un phénomène physiologique classique méconnu des tireurs, la persis­tance rétinienne: lors de sollicitation de longue durée avec des contrastes importants, l’œil continue à voir une image qui n’est plus la réalité, donc une image de visée qui semble correcte alors que le guidon est déjà décentré (cf. les dessins animés...).

 

Une visée doit donc être limitée dans le temps et, dans la limite maximale de 8 à 10 secondes, un coup correctement préparé devrait pouvoir arriver plein centre! Sinon, poser et recommencer.

 

La bonne visée n’est pas toujours la plus confortable, c’est essentiellement celle qui fait mouche!

 

8 – TENUE: Voir mark 14.

 


Dernière modification : 30/05/2006 : 04:33